Montpellier : ces citoyens qui ouvrent leur porte à des réfugiés

Abonnés
  • Beheshta, jeune étudiante afghane, accueillie chez Estelle et Luc depuis cinq mois.
    Beheshta, jeune étudiante afghane, accueillie chez Estelle et Luc depuis cinq mois. MIDI LIBRE - RICHARD DE HULLESSEN
Publié le
Frédéric MAYET

Ils s’appellent Luc, Estelle, Tupac, Donalie. Ils accueillent, dans les quartiers de Figuerolles ou des Prés-d’Arènes, de jeunes migrants. En toute simplicité, toute humanité. Confidences.

Couleurs pastels d’un portrait accroché à la porte d’entrée de l’appartement. Image, toute simple, d’une rencontre. Celle d’Estelle et Luc, jeune couple montpelliérain, avec Beheshta, réfugiée afghane qui, depuis cinq mois, partage leur quotidien. "J’étais embêtée par ce que je voyais dans l’actualité. J’avais envie de faire quelque chose, résume Estelle. Nous avons entendu parler de l’association Singa, de leur dispositif d’accueil par le frère de Luc, installé à Lyon."

D’un dossier motivé – "on nous a notamment demandé nos centres d’intérêt et ce qu’on attendait de la cohabitation, qui est un peu comme une colocation, finalement" – l’antenne montpelliéraine de Singa a mis en rapport le couple avec Beheshta, arrivée voici un an.

Dans tous les quartiers de la ville

Depuis son lancement à Montpellier en janvier 2017, l’association Singa est parvenue à mettre en relation 27 accueillants bénévoles et autant de réfugiés. "Nous cherchons dans tous les quartiers pour faciliter l’insertion des réfugiés, explique Maëlle Aubert, en charge des dossiers à Singa. Trois nouveaux couples sont actuellement mis en contact avec des réfugiés. Deux autres conventions sont en signature." Singa offre aux participants du dispositif Calm (comme à la maison) des espaces de partage pour confronter leurs expériences.

"Singa m’a fait rencontrer Estelle et Luc. Et voilà !"

"À Kaboul, ma ville d’origine, je faisais des études en pharmacie. Ici, je prends des cours de français pour, ensuite, pouvoir m’inscrire à l’université et faire un master en science du médicament." À 25 ans, Beheshta déroule un discours sûr… dans un français remarquable. Le compliment la fait rougir. "Pour moi, l’écriture est encore difficile…"

D’abord bénéficiaire d’une bourse d’étude, logée dans une chambre du Crous, Beheshta a ensuite obtenu le statut de réfugiée. "Singa m’a fait rencontrer Estelle et Luc. Et voilà !"

Balades, repas partagés dans l’élégant appartement du quartier des Prés-d’Arènes rythment, depuis, le quotidien. "J’ai appris à faire des crêpes." Luc jette également un œil sur les devoirs de l’étudiante afghane. "C’est difficile de vivre seule, loin de mes parents et mes frères restés à Kaboul. Heureusement, j’ai Estelle. Elle est comme ma sœur."

Un dispositif de l’association Singa

Baptisé Calm (pour Comme à la maison), le dispositif imaginé par l’association Singa France a été lancé le 20 juin 2015, à l’occasion de la journée internationale des personnes réfugiées. Depuis janvier 2017, sur Montpellier, 27 accueils, longs d’au moins trois mois et ne dépassant l’année, ont été organisés.

Le principe est simple : il propose aux personnes disposant d’une chambre libre dans leur logement d’accueillir un réfugié bénéficiant d’une protection internationale. Le programme a été pensé et conçu comme un tremplin permettant aux personnes ayant récemment obtenu leur statut de réfugié de préparer le plus sereinement possible leur projet universitaire ou professionnel.

L’inscription des accueillants se fait via une plateforme (jaccueille.fr) où un formulaire recense, notamment, l’aspect matériel (type de logement) et les affinités possibles. L’association Singa, installée rue Faubourg-Figuerolles à Montpellier, reçoit individuellement les accueillis et les accueillants pour une réunion d’information obligatoire.

L’occasion d’interroger les motivations de chacun comme de déconstruire certaines attentes et de préparer aux échanges culturels. Une charte de cohabitation est rédigée puis signée par les deux partis pour installer les règles de vie et poser certaines limites. Singa assure ensuite un suivi mensuel.

Rassembler des gens selon leurs passions

Du côté de Figuerolles, Donalie et Tupac, trentenaires investis, ont ouvert leur porte à un jeune Irano-Afghan. "J’ai découvert Singa via mon travail de professeur de français pour des étrangers. "Donalie a ensuite "embarqué (s)on compagnon Tupac à une réunion d’information de ce programme d’accueil. C’était il y a deux ans. Nous nous étions dit que le jour où nous aurions un appartement assez grand…"

Ce jour arrivé, le couple a tendu la main. "L’échange proposé rassemble des gens sur des passions plus que sur des besoins. "

Ceux du jeune de 22 ans accueilli par le couple semblent, avant tout, de donner. "Il est en service civique, suit des cours de français et fait beaucoup de bénévolat associatif, déroule Tupac. Il a un emploi du temps de ministre !"

Amateur de nature, de jardinage, le réfugié partage avec Tupac la taille des arbres et le rangement du bois de chauffage. "Il aime aussi beaucoup les balades à vélo… même si la saison ne s’y prête pas trop. Mais on a prévu de le faire dès les beaux jours. Nous allons fêter Noël avec notre famille et lui, à la maison."

Tupac insiste : "On fait le maximum pour qu’il se sente comme chez lui. C’est un habitant à part entière. Y compris lors des repas."

Du côté d’Estelle et Luc, un fil particulier s’est tissé. "J’ai pris des photos pour ma famille, sourit Beheshta. Je veux leur montrer le mode de vie d’ici. J’ai remarqué qu’il fallait d’abord être deux meilleurs amis pour faire un beau couple comme Estelle et Luc." Éclat de rire général…

Gourmande de gaufres, Beheshta s’étonne toujours des plats français "qui n’utilisent pas beaucoup d’huile ni d’épices. C’est beaucoup plus relevé en Afghanistan !" Artiste peintre, la jeune femme, outre l’animation bénévole de cours de dessin chaque jeudi après-midi dans un café, a récemment fait un cadeau à Luc et Estelle : ce portrait en couleurs pastel. Aveu, finalement pudique, de sentiments universels.

À savoir aussi

La recherche d’une solution d’hébergement d’urgence se fait en téléphonant au 115 (numéro vert, gratuit). Pour autant, de l’abri immédiat à l’hébergement d’insertion, plusieurs organismes proposent des structures adaptées aux situations de grande exclusion sur Montpellier.

- Adoma (foyer d’accueil de personnes migrantes) : 534 avenue du Père-Soulas (04 67 63 03 55) et 1 rue de l’Agathois (04 67 10 78 90) ;

- Centre d’accueil mère-enfant (centre maternel pour les mères de moins de 21 ans) : 2 256 route de Mende (04 67 63 44 41 ou sur www.alpj.org).

- Convergences 34 – Gammes (appartement relais) : 37 avenue Georges-Clemenceau (04 67 92 08 98).

- Corus (service d’urgence d’accueil et d’orientation, admission immédiate en urgence) : 19 rue Saint-Claude (04 67 58 14 00 ou sur www.gammes.org).

- Foyer départemental de l’enfance et de la famille (accueil femmes seules, avec enfants de moins de 3 ans ou enceintes de 7 mois minimum) : 709 avenue de la Justice (04 67 14 74 00).

- Foyer hébergement d’urgence Astrolabe – Adages (hébergement et accompagnement de demandeurs d’asile) : 6 rue Draparnaud (04 67 58 16 99). - Gammes (accueil d’urgence, hébergement social, centre de soins) : 6 rue Saint-Barthélémy (04 67 92 90 76).

- L’Avitarelle (foyers d’urgence) : 9 rue Boyer (04 99 54 92 49). - Le Refuge (foyers d’hébergement d’un jeune public en rupture familiale, victime d’homophobie) : 2 rue Germain (06 31 59 69 50).

Montpellier compte également de nombreux CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) : www.montpellier.fr/3249-l-hebergement-temporaire.htm.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement
à cet article à partir de
2,49€/mois
Voir les commentaires
L'immobilier à Montpellier

399000 €

L'opération se situe sur la commune de Montpellier limitrophe à Saint Jean [...]

619000 €

MTP AIGUELONGUE. Lot de 3 appartements vendus loués de type 2 pièces avec p[...]

357000 €

Programme neuf à MONTPELLIER Quartier facultés Hopitaux, APPARTEMENT NEUF D[...]

Toutes les annonces immobilières de Montpellier
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (5)
Halouf Il y a 4 années Le 18/12/2019 à 06:53

"Des policiers de la brigade anticriminalité -BAC- de Montpellier ont essuyé un jet de pierre qui a dégradé leur véhicule, lundi soir, au coeur de la cité Gély. Un guetteur arrêté"

yog Il y a 4 années Le 17/12/2019 à 12:45

Qu'est ce qu'on ne ferait pas pour avoir sa face de catholique pratiquant dans le journal ....

lol34 Il y a 4 années Le 17/12/2019 à 12:36

et les sdf francais ???

142716 Il y a 4 années Le 17/12/2019 à 17:54

Ben recevez les chez vous si leur sort vous préoccupe !